Trois gènes contre le VIH
À quoi correspondent les gènes que vous avez identifiés ?
Les analyses du génome donnent un catalogue de marqueurs génétiques (polymorphismes) dans l’ordre décroissant de leur influence sur les taux de virémie et la vitesse de progression de la maladie chez les individus infectés par le VIH. Les trois gènes révélés sont ceux qui ont été identifiés comme étant les plus puissants. Le premier, HCP5 (HLA Complex P5), est connu pour être impliqué dans l’immunité cellulaire et le contrôle initial de la maladie. Le deuxième marqueur, rs9264942, identifie une région du gène du HLA-C, également responsable de l’immunité cellulaire, suggérant un nouveau mécanisme de contrôle de la virémie. Le troisième gène était inconnu. Il code une sous-unité d’une ARN polymérase et pourrait donc influencer la capacité du virus à s’exprimer depuis le noyau cellulaire.
De quelles recherches découle cette triple découverte ?
En 2002, le génome humain complet était publié. En 2004, l’étude HAPMAP fournissait le catalogue des variantes génétiques à travers différentes populations humaines.
En 2007, on perçoit enfin les premières applications issues de ces préalables sous la forme d’études d’associations génomiques. Notre étude s’inscrit dans une telle démarche puisqu’elle révèle des associations entre des variantes génétiques et des phénomènes biologiques, soit la responsabilité potentielle de chaque gène sur l’infection VIH.
Y a-t-il une relation entre les trois gènes découverts et la capacité de certains individus à contrôler l’infection?
Plusieurs études ont été publiées concernant une évolution surprenante de l’infection VIH : les individus non-progresseurs. Bien que séropositifs, ils ne montrent pas de signe d’immunosuppression. L’étude à laquelle vous faites allusion montre, par des analyses biologiques, le rôle majeur du système immunitaire cellulaire dans le contrôle de cette infection. Notre étude, par un autre cheminement, identifie des gènes qui appartiennent au même système biologique de contrôle.
Quel était le protocole de l’étude ?
Les dossiers médicaux de 30 000 personnes infectées par le VIH ont été évalués. Au final, 486 personnes de six pays ont été formellement identifiées comme candidats pour cette étude. Elles devaient remplir les trois conditions suivantes : connaître avec précision la date de l’infection par le VIH, avoir des données biologiques de qualité pour une période de trois ans à la suite de l’infection primaire, avoir donné son accord pour une étude génétique et génomique sur la base de l’anonymat.
Leur matériel génétique a été purifié à partir d’un échantillon de sang et leur ADN analysé par génotypage à haute densité, soit plus de 500 000 variantes génétiques par personne.
L’information génétique obtenue pour chaque individu est une sorte de code-barres unique qui permet la comparaison entre les participants de l’étude pour identifier les code-barres associés avec succès au contrôle du VIH.
Quel est le rôle d’Euro-CHAVI dans cette étude ?
Ce projet réunit 29 chercheurs aux compétences complémentaires. Euro-CHAVI regroupe deux tiers de cet effectif composé de médecins, chargés de l’évaluation et du recrutement des patients, et de chercheurs, qui identifient le profil biologique d’ étude et réalisent la purification du matériel génétique ainsi que le génotypage. Le dernier tiers des chercheurs, sous la responsabilité du docteur David Goldstein de la Duke University, sont des analystes spécialistes en statistiques génétiques.
Sida