L’étiquette en mal de normalisation
Curseur, pas curseur ? Logo pas logo ? L’étiquetage est probablement le sujet le plus polémique du moment. Rappelons que le packaging est, selon l’étude Nutrition Santé 2005 de TNS Sécodip, une - sinon la première - source d’information privilégiée des consommateurs. Même si les informations qui y figurent sont encore très loin d’y être toutes normalisées. La loi laisse une grande marge de manoeuvre aux fabricants. Leur seule obligation consiste à faire figurer la liste des ingrédients, triés selon le pourcentage mais sans obligation d’en mentionner la quantité. Le tableau des valeurs nutritionnelles n’est obligatoire que lorsque figure sur le packaging une allégation fonctionnelle (décret du 27 septembre 1993). Donc, vous n’avez à « prouver » que ce qui vous arrange et pouvez tout à loisir occulter le reste. Un produit peut communiquer sur son allégement en graisse sans mentionner qu’il est excessivement riche en sucre.
Afin de normaliser et d’homogénéiser les initiatives, les instances européennes planchent sur le sujet pendant que les industriels tentent de se mettre d’accord. Coca-Cola, Danone, Kellogg’s, Kraft Foods, Nestlé, PepsiCo et Unilever ont annoncé le 12 juillet dernier qu’ils suivraient les indications de la Confédération européenne des industries alimentaires en matière de système d’étiquetage. Ils s’engagent à indiquer de manière simple et claire à l’avant de l’emballage la valeur calorique du produit par portion et son pourcentage en termes d’apport journalier recommandé (AJR). Le principe est repris au verso sur chacun des quatre nutriments reconnus d’importance pour la santé publique : graisse, graisses saturées, sucres et sel / sodium.
Le curseur nutritionnel est la dernière « trouvaille ». Il est censé faciliter en un clin d’oeil l’information du consommateur grâce à un mélange de pictogrammes et de chiffres, McDonald’s et Quick se sont mis d’accord sur un modèle. Tandis que Casino, Findus et bientôt Harry’s rallient la cause du curseur élaboré par les deux papes de la nutrition du Moment, Patrick Serog et Jean-Michel Cohen. Ce dernier classe les produits - toujours en référence à leur famille de produit - en trois catégories « plaisir nutrition - (à privilégier quand on surveille son alimentation ou son poids), « plaisir classique » (à favoriser au cours des repas quotidien), « plaisir gourmand » (à déguster de temps en temps).
Nos voisins anglais ont inventé quant à eux un système plus moralisateur, le « traffic lights » inspiré du code de la route. Le feu rouge signifie : attention à consommer rarement. Le feu orange autorise à manger avec modération et le feu vert indique que le produit peut être consommé à volonté. Ce système ne fait pas l’unanimité. Il stigmatise les produits laitiers, particulièrement le fromage jugé trop gras, au risque de provoquer des carences en calcium. Reste qu’en ces temps de flou normatif, les Britanniques tentent d’imposer leur système au niveau européen pendant que la France cherche toujours un compromis entre les adhérents de l’Ania et les défenseurs du PNNS2. Un groupe de travail a même été mis en place par l’Afssa.
Le consommateur souhaiterait que les étiquettes soient des zones de confiance, voire, dans le meilleur des cas, qu’elles soient approuvées par un organisme officiel, selon une étude Eufic (European Food Information Council). Il voudrait une terminologie qui utilise son langage avec des informations claires et hiérarchisées mais pas trop de données. Il souhaiterait aussi que l’information soit complétée par d’autres moyens comme les leaflets, des étiquettes pelables et des sites Internet clairs et lisibles.
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